
Thanks to the Petrocaribe agreement, Haiti manages to slow down a currency crisis but things have now reached the boiling point
By Roudy Bernadin, Economist
With political and economic turmoil putting extreme downward pressure on the gourde as the fiscal year draw to a close without a budget, people in Haiti are losing confidence in the government ability to preserve the value of the country’s fallen currency. The average acquisition rate for the dollar was 91.55 gourde as of June 7, 2019, meaning the currency value dropped over 23 percent since the fiscal year began on October 1, 2018. Although we are feeling the pressure now, this crisis has been in the making for decades. Anyone who’s been paying attention probably won’t be shocked by how fast the currency has fallen lately. In addition to the political turmoil, the structural weakness of the economy has not helped either. For decades, the country has run record trade deficits, which average over 200 million USD per month in the last two decades.
The accelerated fall of the gourde could have happened sooner, but thanks to the Petrocaribe funds, Haiti managed to slow down the crisis. Now, however, the currency crisis has reached a boiling point. The turning point began with the demise of Petrocaribe in 2018 when Venezuela suspended shipments to eight countries: Antigua and Barbuda, Belize, Dominica, El Salvador, Haiti, Nicaragua, St. Vincent and the Grenadines, and St. Kitts and Nevis. Petrocaribe allowed members to defer payment for imported oil for up to 90 days, and then pay for 40-60 percent of the oil over 25 years at 1-2 percent interest, after a two- or three-year grace period. Over that period the country’s debt ballooned mainly due to the Petrocaribe.
Haiti has a heavy load of U.S.-denominated debt which becomes more burdensome as the local currency’s value falls. After a debt relief of $ 1.2 billion from the World Bank, the International Monetary Fund (IMF) and other creditors following the 2010 earthquake, the country acquired about $ 2 billion in new debt. During the last fiscal year, the country used over 14 billion of gourde to service its debt.
The country has gotten hit not only by the U.S. dollar’s appreciation, but more importantly by the separate collapse of the gourde. This creates a vicious cycle as national debt becomes more difficult to service. Moreover, the country is facing liquidity problems as it struggles to find funds to finance its imports, including petroleum products, which now has to be purchased on the international market without the generous advantages of the Petrocaribe deal. To get the country out of its predicament, the IMF agreed to lend Haiti more than $229 million at 0 percent interest.
The IMF agreement could have provided badly-needed funding that could save the country from its liquidity problem. It could have been the breath of oxygen that would stop the country from drowning until political stalemates brought the process into a standstill. The IMF support was not only to alleviate the hardship of the most vulnerable population and encourage good governance, but also to raise growth and stabilize the country’s economic situation. The loan which was offered under the IMF’s Extended Credit Facility (ECF) was aimed at stabilizing Haiti’s economy by putting its budget deficit on a downward trajectory and managing its debt, while protecting the poorest in the country. However, everything has been halted until the country ratifies a prime minister and new budget.
As expected per Haiti’s unpredictable political landscape, acting-Prime Minister Jean Michel Lapin’s ratification is not going smoothly as four senators of the opposition vow to block his ratification. Their decision to block the acting-prime minister’s ratification further complicates the country’s precarious economic problems. The freefall of the value of the gourde will continue to accelerate and eventually crash if political standoff does not end soon.
roudybernadin@haitieconomie.com
Une monnaie en chute libre: 4 sénateurs pour freiner la chute
Grâce à l’accord Petrocaribe, Haïti parvient à ralentir la crise monétaire mais on a maintenant atteint un point d’ébullition
La tourmente politique et économique exerçant une pression à la baisse extrême sur la gourde alors que l’exercice fiscal s’achève sans budget, les Haïtiens perdent confiance en la capacité du gouvernement à préserver la valeur de la monnaie déchue du pays. Le taux d’acquisition moyen du dollar était de 91,25 gourdes au vendredi 17 mai 2019. Cela signifie que la valeur de la devise a chuté de plus de 23% depuis le début de l’année fiscale du 1er octobre 2018. Bien que nous subissions la pression fortement maintenant, la crise est en gestation depuis des décennies. Quiconque a été attentif ne sera probablement pas choqué par la rapidité avec laquelle la monnaie a chuté ces derniers temps. Outre la tourmente politique, la faiblesse structurelle de l’économie n’a pas aidé non plus. Pendant des décennies, le pays a enregistré des déficits commerciaux record, dépassant en moyenne 200 millions USD par mois au cours des deux dernières décennies.
La chute accélérée de la gourde aurait pu se produire plus tôt, mais grâce à l’accord Petrocaribe, Haïti parvient à ralentir la crise monétaire mais on a maintenant atteint un point d’ébullition. Le tournant a commencé avec la disparition de Petrocaribe en 2018 lorsque le Venezuela a suspendu ses expéditions vers huit pays: Antigua-et-Barbuda, Belize, Dominique, El Salvador, Haïti, Nicaragua, Saint-Vincent-et-les Grenadines et Saint-Kitts-et-Nevis. Petrocaribe a permis aux membres de différer le paiement du pétrole importé pendant 90 jours au maximum, puis de payer 40 à 60% du pétrole sur 25 ans à un taux d’intérêt de 1 à 2%, après une période de grâce de deux ou trois ans. Au cours de cette période, la dette du pays a explosé, principalement à cause des fonds Petrocaribe.
Haïti a une lourde charge de dette libellée en dollars américains qui devient plus lourde à mesure que la valeur de la monnaie locale diminue. Après un allégement de dette de 1,2 milliard de dollars de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international et d’autres créanciers à la suite du séisme de 2010, le pays a contracté une nouvelle dette d’environ 2 milliards de dollars. Au cours du dernier exercice financier, le pays a utilisé plus de 14 milliards de gourdes pour le service de sa dette.
Le pays a été touché non seulement par l’appréciation du dollar américain, mais surtout par l’effondrement séparé de la gourde. Cela crée un cercle vicieux alors que la dette nationale devient plus difficile à gérer. En outre, le pays est confronté à des problèmes de liquidités alors qu’il peine à trouver des dollars pour financer ses importations, y compris les produits pétroliers qui doivent être achetés sur le marché international sans les avantages généreux des fonds Petrocaribe. Pour sortir le pays de ses difficultés, le FMI a accepté de prêter à Haïti plus de 229 millions de dollars américains à 0% d’intérêt.
L’accord du FMI aurait pu fournir un financement indispensable qui permettrait au pays de sauver son problème de liquidité. Cela aurait pu être une bouffée d’oxygène qui empêcherait le pays de se noyer jusqu’à ce que des impasses politiques arrêtent le processus. L’appui du FMI visait non seulement à atténuer les difficultés des populations les plus vulnérables, à encourager la bonne gouvernance, mais également à accroître la croissance et à stabiliser la situation économique du pays. Le prêt offert dans le cadre de la Facilité élargie de crédit (FEC) du FMI avait pour objectif de stabiliser l’économie haïtienne en faisant baisser son déficit budgétaire et en gérant sa dette, tout en protégeant les plus pauvres du pays. Cependant, tout s’arrête jusqu’à ce que le pays ait ratifié le PM et le budget.
Comme prévu par le paysage politique imprévisible d’Haïti, la ratification du Premier ministre par intérim, Jean Michel Lapin, ne se passe pas sans heurts, quatre sénateurs de l’opposition promettant de bloquer sa ratification. Une situation qui complique encore les problèmes économiques précaires du pays et la chute libre de la valeur de la gourde continuera de s’accélérer et de s’effondrer si l’impasse politique ne se termine pas bientôt.
Par Roudy Bernadin, Economist
roudybernadin@haitieconomie.com