J’ai toujours rêvé d’écrire le type de chronique que vous lisez maintenant. Au lieu d’un texte argumenté à partir d’un thème précis, je vais me laisser aller à parler de divers sujets de manière libre, sans prendre le temps de composer quelque chose. Juste exposer des faits, réduire au maximum l’argumentation, partir de l’actualité nationale ou internationale. La Coupe du Monde, par exemple qui a commencé le 11 juin dernier et prendra fin le 11 juillet prochain. C’est le seul événement sportif qui attire vraiment le monde entier, même si les Américains appellent leur finale de baseball : le World Series championship (le tournoi de la Série mondiale) alors que c’est une affaire strictement américaine et qu’il n’y a qu’eux qui se passionnent autant pour ce World Series. Apparemment, ils s’intéressent ces jours-ci à la Coupe du Monde (la vraie) mais peut-être que c’est parce que leur équipe nationale y participe.

Vous allez voir. Le dimanche 11 juillet prochain, au moins le quart de l’humanité sera branché devant sa télé pour vibrer avec 22 joueurs. Qui dit mieux ? Même les Haïtiens qui viennent de vivre le pire cauchemar de leur existence ne vont pas rater ce super jour et, si c’est le Brésil qui gagne, une folie furieuse gagnera la majorité de mes compatriotes. En fait, je n’ai jamais compris pourquoi les Haïtiens sont tellement fous du Brésil. C’est vrai que le football brésilien est admiré partout sur la planète mais de là à lui vouer une adoration extrême comme le font mes compatriotes, c’est tout à fait insensé. J’ai ma petite idée là-dessus mais j’aimerais bien entendre une explication venant d’un psychanalyste haïtien. Tenez, j’ai vu l’autre jour sur le web une photo de l’immeuble de la mairie de Delmas couvert de drapeaux brésiliens. Vous vous rendez compte ? Un immeuble gouvernemental presque totalement noyé sous des drapeaux d’un pays étranger ! C’est tout simplement ahurissant ! En février dernier, quelques semaines après la tragédie du 12 janvier, les autorités haïtiennes ont eu le bon sens d’annuler le carnaval. C’était bien. Mais je me demande maintenant ce que les autorités haïtiennes auraient fait si le tremblement de terre s’était produit quelques semaines avant la Coupe du Monde. Se seraient-elles retenues d’acheter les écrans géants qu’elles ont disposés dans le stade Sylvio Cator pour permettre aux Haïtiens et aux fous du Brésil de vibrer avec leur équipe favorite ?
Les Bleus ont essuyé la pire débâcle de leur histoire de nation sportive (y-a-t-il une justice immanente ?), la Squadra Azzurra n’a même pas réussi à passer le premier tour et, sur les six nations africaines engagées dans la Coupe du Monde, une seule est parvenue à se qualifier pour les quarts de finale. Le Ghana, qui s’est permis le luxe d’éliminer les États-unis une seconde fois en Coupe du Monde ! En fait, les États-unis ont révélé à la faveur de cette élimination qu’ils ne sont pas encore à la hauteur du reste du monde malgré quelques brillantes individualités, comme Jozy Altidor (d’origine haïtienne, comme son nom l’indique) ou Tim Howard qui, comme par hasard, jouent… dans le reste du monde (en Angleterre, tous les deux).

Devrais-je dire quelques mots de la disparition de Marc Bazin ? De plus qualifiés que moi en ont parlé éloquemment dans la presse haïtienne et de toute façon, j’ai mal suivi sa carrière politique en Haïti. Ce dont je me souviens, c’est d’un article de Newsweek qui lui était consacré au début des années 1980 et qui le nommait « Mister Clean ». J’étais à l’époque étudiant à Paris et mes copains et moi, avons longuement discuté de cette référence à un célèbre détergent américain et du subtexte si révélateur.

Devrais-je dire aussi quelques mots du premier anniversaire de la disparition de Michael Jackson ? Encore une fois, de plus qualifiés que moi se sont attelés à cette tache et l’ont bien fait. Mais je ne me retiens pas de laisser un dernier souvenir de Michael Jackson remonter à la surface et évoquer ce que j’étais en train de faire quand la nouvelle m’est parvenue, ce 25 juin 2009.

Une pensée spéciale, pour terminer, aux centaines de milliers d’Haïtiens qui vivent dans des camps à Port-au-Prince dans des conditions épouvantables et qui n’ont aucune chance de s’en sortir au cours des prochaines deux ou trois années. Il parait que personne n’y peut rien. Maintenant que la saison des ouragans est finalement arrivée, on va se réveiller un beau jour, nous de la diaspora et apprendre qu’un ouragan s’est abattu sur Haïti et sur Port-au-Prince spécialement avec une force inouïe et qu’il a fait un nombre incalculable de victimes. La danse des secours humanitaires recommencera, les autorités haïtiennes clameront leur impuissance, le malheur d’Haïti s’étalera sur toutes les télévisions du monde et d’autres pasteurs fondamentalistes américains et haïtiens s’allieront avec un certain chroniqueur du New York Times pour revenir à la charge contre le vodou haïtien responsable du malheur haïtien. Allez, bonne Coupe du Monde !

Contacter Hugues St.Fort à : Hugo274@aol.com

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