Tous ceux qui lisent ma chronique régulière « Du côté de chez Hugues » sur l’hebdomadaire haitiano-américain The Haitian Times, www.haitiantimes.com savent que je suis un passionné de tennis et un grand admirateur de Roger Federer. Ils savent moins peut-être que, en « bon Haïtien » que je suis, je me passionne également pour le football en général et le football brésilien en particulier, même si j’ai vibré pour la France en juillet 1998 lors de la célèbre finale contre le Brésil. A l’heure où j’écris ces lignes (dimanche 23 mai 2010, 15h30 de l’après-midi, heure de NY), Roland Garros a commencé depuis plus de dix heures et pendant les huit semaines qui s’annoncent, mon petit univers tournera autour du tennis et du foot. Je n’arrive pas à contenir ma joie dont les points extrêmes se situeront à ces dates : 6 juin 2010 : finale messieurs à RG ; 4 juillet 2010 : finale messieurs à Wimbledon ; et 11 juillet 2010 : finale de la Coupe du Monde à Johannesbourg. Si j’ai déjà ma petite idée en ce qui concerne les joueurs qui joueront la finale de tennis à Roland Garros et la finale de Wimbledon à Londres, je suis dans l’impossibilité de faire une prédiction pour la finale de foot. En fait, bien malin qui peut prédire l’équipe qui gagnera cette finale.
En tant que sport individuel longtemps réservé aux classes sociales privilégiées que ce soit dans les sociétés développées ou en voie de développement, le tennis s’est répandu dans le grand public de la plupart des sociétés au cours de la fin des années 1970 et du début des années 1980. Grâce à des joueurs « de sensation » talentueux comme Jimmy Connors, John McEnroe, Martina Navratilova, Chris Evert aux États-unis, et Yannick Noah, Bjorn Borg, Ilie Nastase en Europe, le tennis a perdu ses connotations de classe (et de limitation de race) et pénétré les classes les plus modestes. Dans la plupart des sociétés occidentales modernes, tout le monde joue maintenant au tennis, contrairement au golf par exemple qui peine à trouver ses marques d’égalisation sociale et raciale, malgré Tiger Woods. J’ai découvert le tennis dans les années 1980 quand j’étais étudiant à Paris et qu’on nous encourageait à faire du sport. Quand j’ai commencé à taper dans la petite balle, j’ai vite compris combien le tennis pouvait être une remarquable école de maîtrise de soi et de développement des réflexes. La popularité de Yannick Noah qui venait de gagner Roland Garros quelques années auparavant et qui, en super star, contribuait à donner une visibilité énorme aux Noirs de l’Hexagone, le retentissement en France des « sensationnalistes » américains Jimmy Connors et John McEnroe, tout cela m’a définitivement conquis et je n’ai jamais lâché le tennis.
Roger Federer représente pour moi le point d’aboutissement de ma passion pour le tennis. Durant ces cinq dernières années, il a dominé le tennis mondial comme personne ne l’a fait avant lui en imposant un style de jeu basé sur l’élégance, une vision et une compréhension de ce sport supérieures à tous les joueurs de sa génération et la volonté de se tenir loin des frappes violentes initiées par des raquettes géantes qui font maintenant la loi dans le monde du tennis. Aujourd’hui, presque en fin de carrière, il a pourtant déclaré récemment qu’il compte continuer au-delà de 2012 quand il aura entamé la trentaine. Avec le nivellement qui s’affiche depuis quelque temps, je vois mal comment il pourra tenir ce pari. Les tournois de Roland Garros et de Wimbledon constituent deux sérieux critères de vérification de sa forme actuelle et de la condition de ses jambes après presque une décennie de tennis de haut niveau. Il a réussi l’année dernière à gagner Roland Garros (peut-être parce que sa bête noire Nadal avait été éliminé entre-temps) et Wimbledon après un match épique contre Roddick qu’il battait régulièrement jusque là. Comment le tennis évoluera-t-il après les retraites de Nadal, Federer, Djokovic, etc… Difficile à dire mais une chose est sûre : les joueurs américains qui jusqu’au milieu des années 1990 dominaient le tennis mondial ne font plus le poids face au reste du monde. Et ce ne sont pas les géants Isner ou Querrey qui me contrediront.
En ce qui concerne la Coupe du Monde en Afrique du Sud, c’est un événement planétaire auquel nous assisterons à partir du 11 juin mais je ne suis pas sûr que le grand public américain ait pris la mesure d’un fait aussi important. Les différentes communautés ethniques résidant aux États-unis (grecques, arabes, italiennes, caribéennes, hispanophones, …) en connaissent les enjeux sentimentaux et mémoriels et font tout pour se mettre au pas. Si la Coupe du Monde connaît un certain retentissement ici, ce sera grâce à ces communautés. Le Brésil, l’Argentine, l’Allemagne, l’Italie sont bien sûr les grandes équipes favorites mais personne ne sait ce qui va se passer durant ces quatre semaines de gloire en Afrique du Sud. Je ne m’attends pas à ce que les « Bleus » rééditent leur exploit de juillet 1998 au stade de France. Zidane, Lilian Thuram, Fabien Barthès ont raccroché, Thierry Henri et Patrick Vieira ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes bien qu’Henri ait été retenu dans la sélection finale qui sera en Afrique du Sud.
Au moins sept semaines de plaisir intense m’attendent jusqu’au 11 juillet. Rien que d’y penser, j’effleure le bonheur.
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