Tous ceux qui habitent les grandes villes (NY, Paris, Londres…) savent combien il est dangereux de se retrouver seuls dans le métro après minuit (à Paris il n’y a plus de métro après 01 heure du matin mais à NY le métro fonctionne 24 heures sur 24). Le plus souvent, c’est la période où sont commis la grande majorité des crimes qui font la une des journaux. Le plus souvent aussi, ces crimes sont l’apanage des ados et de certains jeunes de plus de vingt ans qui ou bien s’attaquent à des personnes seules apparemment sans défense, ou bien se battent entre eux afin de régler des conflits de gangs. Depuis quelque temps, ce phénomène est devenu pratiquement universel et a même pris des proportions vraiment inquiétantes. J’écoutais dernièrement sur la BBC un reportage sur la recrudescence des attaques au couteau par des adolescents dans les rues de certaines grandes villes anglaises. Quand je retourne à Paris comme je le fais tous les deux ans, je m’arrange toujours à éviter le métro après 22 heures ou à rentrer en taxi. Je me dis combien la vie quotidienne a changé par rapport à mes années d’étudiant à Paris où il m’arrivait certaines fois de rentrer chez moi le samedi soir après 03 heures du matin parfois parcourant des kilomètres à pied.

Pourquoi les jeunes sont-ils si violents ? Possèdent-ils le monopole de la violence ? Au sein des sociétés occidentales, bien sûr que non. Certains diront que seul l’État possède le monopole de la violence et, dans une certaine mesure, cela est vrai. Mais les jeunes (spécialement les ados) sont détenteurs de la violence à leur manière. Par leur position générationnelle au sein de la société, ils peuvent se permettre le luxe de se croire à la fois au-dehors et au-dedans de la société. Dans les sociétés occidentales avancées, ils jouissent d’un accès trop facile aux armes à feu. Aux États-unis par exemple, n’importe quel ado résidant dans une grande ville peut se procurer une arme à feu et l’utiliser comme bon lui semble. Le phénomène de la « peer pressure » (pressions exercées par l’entourage ou les autres) qui est devenu banal a fait place maintenant à une ouverture extrêmement large : l’influence des États-unis sur le reste du monde. Si la violence est devenue ce qu’elle est dans le monde aujourd’hui, c’est parce que les États-unis, puissance économique et culturelle dominante, l’ont exportée et imposée à travers le monde. Ce sont les émissions de télévision les plus marquées par la violence et qui sont les plus typiques des États-unis qui sont revendues aux chaînes étrangères. Les films américains dominent le cinéma mondial au détriment des autres films (italiens, allemands, canadiens, seul le cinéma français s’en sort, parait-il, plutôt bien). En fait, ce qui est connu sous le nom de mondialisation définie comme « l’extension planétaire des échanges qu’ils soient culturels, politiques, économiques ou autres » devrait plutôt être connu sous le nom d’ « américanisation » tant l’hégémonie américaine est dominante. Sur le plan de la langue, les locuteurs américains croient que tout le monde devrait parler anglais et se débarrasser de sa première langue ; sur le plan alimentaire, la restauration rapide (McDonald’s, Burger King, Wendy’s, KFC…) qui caractérise les habitudes alimentaires américaines s’est étendue à pratiquement tous les pays du monde ; sur le plan de la musique, ce sont les stars américaines qui dominent et donnent le ton, le plus souvent au détriment de la musique locale ; sur le plan politique, les États-unis veulent imposer leur style de démocratie au reste du monde et nous voyons ce qui est arrivé en Irak ; sur le plan économique, la crise immobilière qui a commencé aux États-unis s’est étendue au reste du monde pour se transformer en crise financière et menace de devenir une véritable dépression économique aussi dévastatrice que celle de 1929. Les États-unis ont depuis 1945 manifesté leur volonté de dominer et contrôler le reste de la planète et ont toujours cru que ce qui est bon pour leur société doit nécessairement l’être aussi pour le reste du monde. Pendant longtemps les différentes décisions prises par les dirigeants américains se sont justifiées par la défense des « intérêts américains ». Étant donné que les Américains se sont impliqués partout, une telle justification prenait des allures de vérité. Cependant, cela renforçait l’idée que les États-unis étaient devenus objectivement un empire et que sa politique était devenue objectivement une politique impérialiste. Dire qu’une simple réflexion sur le problème de la violence chez les jeunes a pu nous mener aussi loin.

Contactez Hugues St. Fort à : Hugo274@aol.com

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