(Première partie)
Depuis quelques semaines, la droite conservatrice américaine tire à boulets rouges sur le président américain Barack Obama et sa politique générale d’engagement de l’état à dépenser des sommes d’argent extraordinaires (787 milliards de dollars) pour tenter de sauver l’économie américaine face à la constante augmentation du chômage, la multiplication des saisies immobilières, la chute brutale de grandes banques, de grandes compagnies d’assurances ou d’autos et l’émergence de la plus terrible crise économique et financière que les États-unis aient jamais traversée depuis l’époque de la Grande Dépression dans les années 1930. Ils ont choisi pour « discréditer » Obama de brandir le spectre du « socialisme » en qualifiant le président de « socialiste », sûrs qu’ils sont de frapper les petites cervelles américaines lavées depuis des décennies par l’idéologie farouchement anti-socialiste des classes dominantes. Les conservateurs espèrent ainsi que ces petites cervelles se rallieront au conservatisme.
Dans son numéro du dimanche 1er mars 2009, le NY Times, sous la plume du journaliste Mark Leibovich rapporte plusieurs déclarations de représentants du Sénat et de la Chambre des députés du Parti républicain accusant Barack Obama d’être un socialiste et de mener les États-unis vers ce système économique. Par exemple, le sénateur Jim DeMint, un Républicain de la Caroline du Sud a dit ceci : « Earlier this week, we heard the world’s best salesman of socialism address the nation. » (Au début de cette semaine, nous avons entendu le meilleur vendeur mondial du socialisme s’adresser à la nation) (ma traduction), se référant bien sûr au président américain. L’ancien gouverneur de l’Arkansas, Mike Huckabee, prenant la parole au cours d’une réunion d’un groupe politique conservateur, s’est lamenté de la création de « républiques socialistes » aux États-unis et a déclaré que « Lenin and Stalin would love this stuff » (Lénine et Staline auraient adoré cette affaire).
Alors, Barack Obama est-il vraiment socialiste ? Et la politique dans laquelle il a engagé l’État américain est-elle vraiment une politique socialiste ? Ma réponse à ces deux questions est un retentissant « Absolument pas ! ».
Tout d’abord, qu’est-ce que le socialisme ? Avant de répondre à cette question, il me semble essentiel de préciser que je n’ai nullement l’intention de couvrir tous les aspects de la pensée socialiste dans le cadre de cette brève chronique. Le socialisme est un courant de pensée philosophique, politique et économique qui prit naissance en Europe au dix-neuvième siècle en réaction au capitalisme. Son objectif est l’instauration d’une société plus juste, moins inégalitaire socialement où le collectif devient plus important que l’individu. Sur le plan politique, le socialisme dans ses versions originales marche de pair avec les normes démocratiques (liberté d’expression, élections régulières,…) en vigueur dans la tradition occidentale. Sur le plan économique, le socialisme se présente comme un système qui favorise la possession étatique des ressources (au lieu de la possession privée), une large participation du public dans la possession des industries fondamentales, une répartition plus égalitaire de la richesse nationale et des distributions des revenus et une meilleure offre des opportunités économiques. Il est bon de préciser qu’il y a eu plusieurs courants de socialisme en Europe où ce mouvement a pris naissance. Cependant, on peut distinguer deux grands courants de pensée : ceux qui prônent le renversement du système capitaliste par la force et ceux qui prônent une réforme du système capitaliste de manière graduelle, continue, en parvenant au pouvoir à la faveur d’élections. Les premiers sont les communistes et les seconds désignent les socialistes réformistes (Social-démocratie).
On ne peut cependant parler de socialisme sans parler de Karl Marx, le plus brillant penseur philosophique et économique du dix-neuvième siècle. Marx est mort en 1883 à l’âge de 65 ans mais il a laissé une pensée économique socialiste qui dans cette crise mondiale du capitalisme destructeur constitue un outil de réflexion d’une puissance incomparable pour analyser et critiquer les systèmes économiques nationaux et internationaux. Il y a eu un courant de pensée socialiste bien avant Marx mais Marx a été le premier à fonder un socialisme scientifique qu’il oppose au socialisme utopique du philosophe français Charles Fourier, de l’économiste français comte de Saint-Simon, etc. Pour Marx, « Ce n’est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience. » Les rapports que les hommes entretiennent entre eux sont des rapports de production qui correspondent à un état de développement donné des forces productives matérielles. Ces rapports déterminent la forme socio-économique des sociétés, leur mode de production. Les forces productives sont l’infrastructure de la société et les rapports de production sa structure ; sur quoi s’élève une superstructure juridique et politique (la machine d’État, le Droit) mais aussi idéologique (la religion, la morale, la philosophie, qui ont pour fonction de légitimer les rapports de production établis, de les fonder comme nécessaires et naturels, et de favoriser ainsi leur maintien). L’originalité du socialisme scientifique de Marx réside en ceci qu’il a bâti son analyse de la société dans un examen historique concret des relations entre les diverses classes sociales et non dans un quelconque état d’utopie réalisé par la raison humaine ou une harmonie universelle. Pour Marx, la lutte de classes est le moteur de l’histoire et ce concept dont on contestait la validité il y a encore quelques années, a rebondi. La crise économique et financière actuelle qui fait plier toutes les économies capitalistes a montré l’importance du socialisme et de la pensée marxiste.
Nous poursuivrons la deuxième partie de cette série la semaine prochaine.
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