Je rédige rarement mes chroniques durant les jours de la semaine parce que je suis vraiment trop occupé, du lundi au vendredi. C’est durant le week-end que je me consacre habituellement à ce travail que j’aborde le plus souvent avec plaisir. Je me sens donc aujourd’hui, en ce vendredi 1er janvier 2010 quelque peu différent en écrivant cette chronique.

En fait, je ne sais par où commencer. Je m’embrouille dans mes réflexions. Est-ce l’effet de mes petits excès de table d’hier soir ? Cela ne m’arrive pas souvent car je sais en général quand m’arrêter. Dans mon esprit, je revois rapidement mes amis compter le passage à la nouvelle décennie autour de la table et nos embrassades pour saluer ce moment qui nous ravit tous. Une année s’en est allée, une nouvelle arrive au galop.

Mais comment être sûr que ce soit vrai ? Mon regard tombe sur les deux calendriers accrochés au mur et particulièrement sur celui en provenance de la New York Review of Books, dont le caricaturiste David Levine est mort à Brooklyn le mois dernier, soit dit en passant. Je remarque alors l’identification de la nouvelle année : 2010. Et brusquement, une vague de réflexions traverse mon esprit. Je trouve tout de suite mon inspiration sur la fuite du temps, l’installation d’une nouvelle décennie, mes rêves impossibles pour 2010.

Vous ai-je dit que mon émission favorite à la télé (à part les grands tournois de tennis et le championnat de France de foot sur TV5) reste le feuilleton de science-fiction « Dr.Who » ? Je ne cesse de m’émerveiller devant ce type qui se moque de tout comme de lui-même, toujours hilare et ironique, qui s’introduit comme le « Doctor » et un « Time Lord », voyageant à travers le temps et l’espace dans une de ces cabines téléphoniques bleues comme on en voit à Londres. La particularité de sa cabine est qu’elle a deux dimensions : vue du dehors, elle ressemble à n’importe quelle cabine téléphonique bleue de Londres mais quand on y rentre dedans, c’est une toute autre histoire.

Elle est immense et possède tout, elle est bardée d’engins de manœuvre et est indestructible. J’ai découvert ce feuilleton britannique vers la fin des années 1980 à NY à une époque où j’en avais marre de la télé américaine en général, tellement puérile et qui ne m’apprenait rien sauf sur les stations de service public, genre PBS. C’est d’ailleurs sur l’une d’entre elles que j’ai rencontré Dr.Who. J’avais certaines difficultés à comprendre l’accent des protagonistes et même celui de Dr.Who lui-même.

Quand on a appris une langue étrangère en compagnie d’un groupe particulier de locuteurs, on se trouve le plus souvent désarçonné au moins dans les premiers échanges quand on converse avec un locuteur dont l’accent est plus ou moins différent de celui utilisé par ceux qui vous ont servi de maîtres.

L’accent britannique est déjà en lui-même tout un programme malgré tout le prestige dont il jouit aux États-unis. Bien sûr, il ne contraste pas aussi fort à l’accent américain que l’accent des Québécois par rapport à celui des Français de l’île de France. Il m’est arrivé par exemple de ne pas comprendre un traître mot de ce que me disait une dame dans le métro de Montréal l’été dernier. Mais voilà que je digresse totalement maintenant.

Pour en revenir à Dr.Who, ce qui me fascine dans ce feuilleton, c’est l’usage qui est fait du temps. Qu’est-ce que le temps ? Passe-t-il vraiment comme l’ont chanté des centaines de poètes et comme on peut s’en rendre compte quand nous nous regardons dans un miroir et que nous nous comparons à l’image qu’il nous reflétait il y a vingt ans par exemple.

Où va-t-il quand il passe ? Dans la très émouvante chanson « Avec le temps », Léo Ferré dit « Avec le temps, tout s’évanouit ». Oui, mais quand on s’évanouit, on perd connaissance pour un temps et on revient généralement de son évanouissement ; mais l’évanouissement signifie aussi une disparition totale. Est-ce qu’il arrive au temps de disparaître totalement ? Dans le feuilleton britannique Dr.Who, le « Doctor » est un « Time Lord ». Il contrôle le temps, il est le Seigneur du Temps.

Le Samedi 2 janvier, j’ai vu sur BBC America, la première américaine d’un épisode de « Dr.Who » intitulé « The End of Time ». Cela m’a fait saliver toute la journée car puisque le « Doctor » est un « Time Lord », il ne saurait avoir de fin. En fait, dans le passé, quand il lui arrive de « mourir », il se régénère. C’est ce qui lui est arrivé à la fin de l’épisode d’hier soir où il s’est transformé en un autre « Dr.Who ». Ah ! comme l’écrit Apollinaire, « Les jours s’en vont, je demeure »

Ce feuilleton passe à la télé britannique depuis au moins quatre décennies. Comme je l’ai dit plus haut, je l’ai découvert aux États-unis au cours des années 1980. Mais pour moi, il symbolisera l’énigme de la fuite du temps et la possibilité tout imaginaire de maîtriser cette fuite. Il existe certainement des tas de films ou de feuilletons télévisés ayant pour sujet le voyage dans le temps (time travel) et je ne rate jamais une occasion de les voir.

Mais aucun ne peut intelligemment rivaliser avec Dr.Who tant au point de vue de l’histoire développée dans le feuilleton que de l’interprétation des cinq acteurs qui ont déjà joué le personnage du cher Docteur qui vient a subi dans l’épisode d’hier soir sa sixième régénération. Sera-t-il aussi présent, aussi hilarant et sarcastique que le personnage joué par David Tennant ? Allons-nous continuer à voir le personnage de Martha Jones interprété par la belle Freema Ageyman ? On verra.

Contactez Hugues St. Fort à : Hugo274@aol.com

Leave a comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *