Il est évident pour tout le monde – économistes et non-économistes – que l’année 2008 marquée par une vigoureuse récession aux États-unis, en Europe occidentale et au Japon a été l’une des pires années que l’économie mondiale ait jamais connue depuis la grande dépression de 1929. De leur côté, les pays émergents du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), même s’ils n’ont pas été autant affectés par la crise, ont certainement connu une réduction de leur taux de croissance. Que nous réserve l’année 2009 ? Va-t-on vers une poursuite encore plus forte de la crise commencée en 2008 ou le capitalisme pourra-t-il s’en sortir une fois de plus ? A en juger par l’intensité et l’accumulation des signaux les plus graves (réduction des dépenses des ménages, licenciements dans tous les secteurs de l’économie, accélération du ralentissement des crédits accordés aux particuliers, chutes des ventes de voitures…), il y a fort à parier que nous marchons droit vers une poursuite accélérée de la crise. En effet, la plupart des experts parlent d’une détérioration de la situation économique mondiale. L’économie américaine en particulier s’est fragilisée à un niveau rarement atteint marqué par un taux d’épargne extrêmement faible et un taux de crédit tout aussi bas. Les banques se sont livrées à des prêts on ne peut plus risqués à des taux d’intérêt élevés accordés à des particuliers insolvables, ce qui a déclenché la crise du secteur des prêts hypothécaires américains. L’état américain a du intervenir d’abord dans le secteur des banques (sauf la banque d’affaires Lehman Brothers abandonnée par Washington) où les autorités américaines ont injecté 700 milliards de dollars, puis dans le secteur de l’industrie automobile auquel les autorités fédérales ont accordé 17,4 milliards de prêts. Il reste à se demander si cela servira à sauver l’économie américaine.
La deuxième interrogation pressante au sujet de l’année 2009 concerne les incertitudes graves qui planent au Moyen-Orient. On sait que depuis le 27 décembre, l’armée israélienne a lancé l’une de ses plus meurtrières offensives aériennes qui, après maintenant neuf jours de bombardement, (au moment où j’écris ces lignes) auraient tué plus de 500 personnes et blessé plus de 2.700. Officiellement, cette opération aurait pour objectif de mettre fin aux tirs de roquettes qui s’abattent sur le sud d’Israël depuis quelques semaines et qui proviennent des hommes du Hamas. Israël a décidé d’en finir une fois pour toutes avec le Hamas et a maintenant entamé une offensive terrestre sous la forme d’une invasion de Gaza afin de finir la tache commencée avec les frappes aériennes. Quelle serait alors la réaction de la nouvelle administration américaine ? Des pays arabes en général et particulièrement de ceux qui peuvent brandir l’arme du pétrole ? Tous ceux qui suivent ce conflit du Moyen-Orient savent que personne n’a jamais arrêté Israël dans sa détermination à poursuivre sa propre politique. En sera-t-il autrement cette fois-ci ? Le monde occidental laissera-t-il se répéter les horreurs qui se perpétuent sur cette terre de Palestine ? Jusqu’où cela peut-il déboucher ?
Troisième interrogation : A quoi faut-il s’attendre en Iraq et en Afghanistan en 2009 ? En Iraq, tout d’abord. Apparemment, le niveau de violence qui faisait la loi dans ce pays depuis l’invasion de 2003 a remarquablement baissé et une bonne partie des troupes américaines devrait laisser Iraq vers 2011. La guerre civile entre les extrémistes sunnites et shiites semble avoir pris fin. Depuis février 2008, il y a même une collaboration entre des tribus sunnites et les forces militaires américaines qui semble avoir réduit considérablement les pertes américaines. « According to US Army figures, hostile actions against American soldiers dropped from 313 in July 2007 to seventeen in August 2008 » (Selon des sources de l’armée américaine, les actions hostiles contre les soldats américains ont été réduites de 313 en juillet 2007 à dix-sept en août 2008) (ma traduction). Combien de temps va durer cette paix soudainement acquise ? Le nouveau gouvernement iraquien pourra-t-il gérer efficacement la nouvelle société iraquienne ? Si le chaos ré- émerge, l’armée américaine devra-t-elle revenir en Iraq ?
En Afghanistan, les choses ne sont pas plus claires et sont peut-être pires. De plus en plus d’experts disent que le conflit afghan ne peut être résolu que par un accord politique conclu avec les Talibans. Récemment, le Brigadier Mark Carleton-Smith, le plus ancien commandant militaire britannique, a déclaré que « the war against the Taliban cannot be won …and that the British public should be prepared for a possible deal with the Taliban… » (la guerre contre les talibans ne peut pas être gagnée et le public britannique devrait se préparer à un agrément avec les talibans) (ma traduction). En quoi consistera un tel accord ? L’Occident acceptera-t-il un accord avec les talibans qui permettra la libre circulation de l’opium et les pratiques « rétrogrades » des extrémistes talibans ? Quelles en seront les répercussions dans d’autres parties du monde ?
Ces trois points – la poursuite de la sévère crise financière et économique qui frappe le monde occidental, les incertitudes dangereuses du conflit au Moyen-Orient, et les conflits afghans et iraquiens – pour importants qu’ils soient ne doivent cependant pas faire oublier d’autres sujets de préoccupations tout aussi problématiques : la descente aux enfers d’Haïti, les génocides qui se poursuivent au Soudan et au Congo, les risques de guerre nucléaire entre le Pakistan et l’Inde, l’instabilité politique générale sur le continent africain… L’année 2009 sera ce que nous en faisons.
Contactez Hugues St. Fort à : Hugo274@aol.com